Tim-Allen-Babbel
Le nouveau PDG de Babbel, Tim Allen, promet des millions et l'IA pour relancer une entreprise en difficulté, défiant Duolingo sur un marché saturé. Un pari risqué pour l'avenir de l'apprentissage des langues.

À peine installé, Tim Allen, le nouveau PDG américain de Babbel, dévoile ses plans ambitieux pour la plateforme d’apprentissage des langues, un marché où la concurrence est féroce. Moins d’un mois après avoir pris la direction de l’entreprise allemande, Allen, ancien dirigeant de Vimeo et Ask.com, avoue à peine maîtriser les rudiments de l’allemand, ce qui soulève déjà des questions sur sa capacité à naviguer dans le contexte berlinois de l’entreprise. Cette nomination intervient à un moment crucial pour Babbel, qui cherche désespérément à se démarquer de son rival dominant, Duolingo, et à transformer son modèle d’affaires.

L’annonce d’investissements massifs de dizaines de millions d’euros pour une refonte de l’application et une expansion de l’audience semble être une tentative audacieuse de rattraper son retard. Allen mise sur une combinaison de l’expertise pédagogique existante de Babbel et de l’intelligence artificielle pour « transformer l’expérience utilisateur et accélérer la croissance du groupe ». Cependant, Babbel est loin d’être un acteur majeur, ayant généré un chiffre d’affaires de seulement 306 millions d’euros l’an passé (+4%), un chiffre pâle comparé à la croissance explosive de Duolingo. L’entreprise a également enregistré des pertes significatives depuis 2013, avec un déficit net de 15,5 millions d’euros en 2020.

Si l’intégration de l’IA pourrait offrir des fonctionnalités comme la pratique de conversation ou l’adaptation personnalisée des leçons, le risque est grand de voir Babbel se noyer dans la masse des applications de langues promettant des miracles technologiques. Malgré son histoire, Babbel, fondé en 2007, doit prouver que ces investissements massifs ne sont pas qu’un coup de poker désespéré pour rester pertinent sur un marché ultra-compétitif. La transition de Markus Witte, cofondateur, vers un rôle de président exécutif pourrait garantir une certaine continuité, mais le poids de la tâche repose désormais sur les épaules d’Allen, un nouveau venu dans le secteur des langues.

Le défi est immense : Babbel doit non seulement justifier ses investissements par une croissance fulgurante, mais aussi regagner la confiance des utilisateurs potentiellement sceptiques face à des promesses d’IA qui pourraient s’avérer moins révolutionnaires qu’annoncé. Le succès de Babbel dépendra de sa capacité à offrir une véritable valeur ajoutée qui va au-delà des fonctionnalités superficielles, dans un domaine où l’engagement à long terme des utilisateurs est difficile à maintenir.