
Le visage terrifié d’un bébé gorille, découvert en décembre dernier dans une caisse à l’aéroport d’Istanbul, a secoué le monde. Nommé Zeytin, ce gorille des plaines de l’Ouest, espèce gravement menacée, symbolise le drame grandissant du commerce illégal d’animaux sauvages. Malgré des mois de soins, son histoire n’est qu’un aperçu d’une sombre réalité : le trafic de grands singes ne cesse de s’intensifier, alimenté par la cupidité et le crime organisé.
Trouvé à seulement cinq mois, ce primate était destiné à un marché noir florissant, où les bébés gorilles sont vendus comme animaux de compagnie, attractions de cirque ou accessoires pour les réseaux sociaux. Fahrettin Ulu, directeur des parcs nationaux d’Istanbul, a décrit l’état de terreur de Zeytin, une image poignante de la souffrance endurée par ces créatures innocentes. Ce cas, bien que médiatisé, ne représente qu’une fraction des milliers d’animaux victimes chaque année de ce commerce dévastateur en Afrique centrale et de l’Ouest.
L’ONG Traffic révèle une tendance alarmante : les bébés gorilles, « faciles à transporter », sont des cibles privilégiées. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement estimait déjà en 2013 que plus de 3 000 grands singes étaient victimes de ce trafic chaque année, un chiffre probablement bien plus élevé aujourd’hui. Ces révélations mettent en lumière l’échec des mesures de protection et la vulnérabilité persistante de ces espèces.
Alors que Zeytin, après avoir repris des forces dans un zoo turc, est enfin prêt à rejoindre le Nigeria, son avenir reste incertain. Malgré les efforts pour le réintégrer dans un sanctuaire aux côtés d’un autre orphelin, Bili, la menace du braconnage, de la déforestation et des maladies continue de planer. Ce retour, bien que nécessaire, ne résout pas le problème fondamental : l’incapacité de la communauté internationale à endiguer efficacement ce trafic inhumain qui décime des populations entières et menace la biodiversité mondiale.