
Bernard Arnault, le puissant PDG de LVMH, n’a pas mâché ses mots ce week-end en qualifiant l’économiste Gabriel Zucman de « militant d’extrême gauche » dont l’idéologie vise, selon lui, la destruction pure et simple de l’économie libérale. Une attaque frontale qui souligne les tensions profondes autour de la proposition choc de l’économiste : taxer à 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
Pour Arnault, dont la fortune personnelle est estimée à 154 milliards de dollars, cette mesure n’est pas un simple ajustement fiscal, mais une « offensive mortelle pour notre économie ». Il dénonce une « pseudo-compétence universitaire » chez Zucman, remettant en question la légitimité de ses analyses fiscales. L’homme d’affaires, se présentant comme le « tout premier contribuable à titre personnel », estime que la présentation de la situation fiscale française est totalement « biaisée ».
La proposition Zucman, qui concernerait 1 800 foyers fiscaux, est loin de faire l’unanimité. Si elle réjouit la gauche, qui y voit un symbole de justice fiscale, elle horrifie le patronat. Le Medef y voit un « frein à l’investissement », tandis que le patron de BpiFrance la qualifie d’« absurde ». L’inclusion de l’outil de travail dans le calcul du patrimoine est particulièrement critiquée, le président du Medef, Patrick Martin, dénonçant une possible « spoliation » pour certaines entreprises, notamment dans la tech, les condamnant à la vente.
Ces déclarations révèlent une fracture béante entre le monde des affaires et une partie de la classe politique. Face aux accusations d’Arnault, le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, a rétorqué sur X que ce qui « détruit notre économie » est l’« absence de toute forme de patriotisme de la part des ultra-riches » qui « ne se plient à aucune forme de solidarité ». Le débat est lancé, et il promet d’être houleux.