medical-device-tariffs
Le géant français des tests médicaux, bioMérieux, est confronté aux effets dévastateurs de la guerre commerciale américaine et de l'austérité chinoise, impactant ses bénéfices et sa croissance future.

Le fleuron français des tests médicaux, bioMérieux, voit son avenir s’obscurcir sous l’effet conjugué de la guerre commerciale et des coupes budgétaires chinoises. Malgré une présence écrasante aux États-Unis, où il réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires, le groupe est directement frappé par les droits de douane américains imposés par l’administration Trump. Ces taxes, bien que légèrement réduites, amputent déjà ses bénéfices de plusieurs millions d’euros, une charge que la direction tente de minimiser comme « très gérable ».

Le tableau n’est guère plus rose du côté chinois. Alors que bioMérieux espérait une croissance soutenue, la politique d’austérité de Pékin étrangle le marché des tests. Les mesures de contrôle des coûts imposées par l’État chinois réduisent drastiquement les volumes et les prix, plongeant le groupe dans une incertitude durable pour cette région cruciale. La direction ne prévoit d’ailleurs aucune amélioration à court terme.

Pourtant, le groupe mise sur l’explosion des panels de tests respiratoires et intestinaux, portés par la virulence des épidémies hivernales et un réflexe de prescription accru depuis la pandémie de Covid. Ces tests rapides, qui identifient jusqu’à 22 pathogènes, sont un pilier de sa stratégie, particulièrement dans les situations d’urgence hospitalières. Mais la dépendance aux épidémies et la concentration du marché avec des concurrents américains comme Becton Dickinson soulèvent des questions sur la pérennité de cette croissance.

Le pari risqué des tests décentralisés, réalisés directement en cabinet médical, promet une expansion fulgurante. Cependant, ce marché reste bridé par des réglementations strictes, notamment en France, où leur déploiement est impossible. Si les médecins américains s’équipent, l’incapacité de pénétrer des marchés clés pourrait freiner cette ambition. En définitive, malgré des marges en hausse et une stratégie d’acquisition, le ralentissement des ventes au deuxième trimestre et la révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2025 témoignent d’une réalité économique bien plus fragile qu’il n’y paraît pour le champion français.