
L’Algérie pleure la disparition de Biyouna, emportée à 73 ans des suites d’une maladie. Une perte pour certains, mais une figure qui n’a jamais fait l’unanimité. Si le président Tebboune salue sa contribution, l’héritage de cette actrice et chanteuse, autrefois qualifiée de « star comique », est bien plus nuancé.
Connue pour son rôle de Zohra dans Le Flic de Belleville et une apparition oubliable dans Dar Lefchouch, Biyouna s’était retirée du devant de la scène. Sa dernière apparition publique, une vidéo TikTok fragile pour souhaiter un bon Ramadan, a laissé transparaître les marques du temps et de la maladie, loin de l’image de la femme forte qu’elle a voulu incarner.
Née Baya Bouzar, son parcours fut parsemé d’épreuves : violence familiale, menaces intégristes, et même une tentative de suicide. Des épreuves qu’elle a toujours affichées avec une certaine fierté, se targuant de « patauger dans la même boue » que le peuple. Cette posture, souvent perçue comme un signe de résilience, a aussi pu être interprétée comme une forme de cynisme.
Malgré une carrière internationale et des rôles jugés osés pour l’Algérie, Biyouna a toujours cultivé une image de « femme libre ». Cette liberté, bien que célébrée par certains, a souvent suscité la controverse dans une société algérienne conservatrice. Son humour frondeur et son parler algérois canaille ont, pour d’autres, franchi la ligne du bon goût.
Sa mort marque la fin d’une époque pour la scène culturelle algérienne, laissant derrière elle une image complexe, entre l’artiste aimée et la figure contestée. Biyouna restera dans les mémoires, non sans une certaine ambivalence, comme l’une des personnalités les plus singulières, et parfois les plus divisives, de son pays.






