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BNP Paribas a été reconnue coupable par un jury new-yorkais de complicité d'exactions au Soudan, finançant le régime d'Omar Al-Bachir, un verdict aux conséquences dévastatrices.

Un jury populaire de New York a livré un verdict dévastateur pour la banque française BNP Paribas, la déclarant complice d’exactions atroces au Soudan. L’établissement est accusé d’avoir orchestré des transactions commerciales dont les recettes ont directement financé l’armée et les milices du régime d’Omar Al-Bachir, un dictateur recherché pour génocide. Cette décision marque un tournant potentiellement catastrophique pour la banque, qui fait face à des conséquences financières et d’image désastreuses.

Les jurés ont octroyé un total de 20,75 millions de dollars (17,8 millions d’euros) en dommages et intérêts à trois plaignants soudanais, désormais citoyens américains. Ces victimes ont témoigné de tortures, d’emprisonnements, de viols et de la perte de leurs biens, des horreurs perpétrées par les forces d’Al-Bachir. Ce procès civil, qui a duré plus d’un mois, met en lumière le rôle troublant de BNP Paribas, qui a tenté en vain de nier sa responsabilité, affirmant que les exactions auraient eu lieu sans son implication. Une défense qui n’a visiblement pas convaincu le jury.

Ce verdict est perçu comme un « présage de poursuites similaires » pour la banque, menaçant de dizaines de procès supplémentaires. BNP Paribas, qui a admis avoir réalisé des opérations avec des pays sous embargo américain comme le Soudan, l’Iran et Cuba, avait déjà payé une amende colossale de 8,9 milliards de dollars en 2014. Ce nouvel échec judiciaire souligne une imprudence récurrente et une gestion des risques manifestement défaillante. La banque se dit « fermement convaincue » que cette décision ne s’appliquera pas au-delà des cas présents et prévoit de faire appel, arguant d’une « mauvaise interprétation du droit suisse ».

Pourtant, cette décision « historique » risque de servir de référence pour d’autres affaires, mettant les institutions financières face à leurs responsabilités dans le financement de régimes meurtriers. Le passé sulfureux de BNP Paribas au Soudan, où elle fut la « seule banque » à opérer durant des années, facilitant des transactions de plus de 80 milliards de dollars, pèse lourdement sur son image. Le coût humain de cette complaisance est incalculable, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés au Darfour, des chiffres qui rappellent la gravité des accusations portées contre la banque française.