
La Bolivie est au bord du précipice, les élections présidentielles ayant révélé une nation fracturée et économiquement exsangue. Après deux décennies de gouvernements de gauche, le pays s’apprête à tourner une page incertaine, avec un second tour qui opposera deux candidats de droite, Rodrigo Paz et Jorge « Tuto » Quiroga. Cette issue, bien que largement anticipée par certains, marque un revers cinglant pour le Mouvement vers le Socialisme (MAS) et son héritage.
Le scrutin s’est déroulé dans un climat de désespoir économique. L’inflation annuelle frôle les 25%, un niveau jamais vu depuis 17 ans, et le pays est étranglé par une pénurie chronique de dollars et de carburant. Les files d’attente interminables pour l’essence, le pain et les dollars sont devenues le triste quotidien des Boliviens, confrontés à une pauvreté qui s’aggrave inexorablement. Le président sortant, Luis Arce, dont la popularité s’est effondrée, a préféré ne pas se représenter, laissant derrière lui un bilan désastreux.
La surprise de ce premier tour est venue du sénateur de centre-droit Rodrigo Paz, qui a déjoué les pronostics en s’imposant en tête avec plus de 31% des voix. Il affrontera l’ancien président Jorge « Tuto » Quiroga, crédité d’environ 27%. Le favori des sondages, le millionnaire Samuel Doria Medina, a quant à lui subi une humiliation cuisante, relégué à une lointaine troisième place. Les citoyens sont las des promesses non tenues et des scandales, à l’image de cette retraitée de 60 ans, Miriam Escobar, qui a exprimé son désir de « changement » après avoir voté à La Paz, déplorant l’absence d’emploi et la flambée des prix.
Les candidats de droite promettent de rompre avec le modèle étatiste mis en place par l’ancien président Evo Morales, un modèle qui, malgré des succès initiaux en matière de réduction de la pauvreté, a conduit le pays à sa ruine actuelle en raison de la chute des revenus gaziers. Le second tour, prévu pour le 19 octobre, s’annonce tendu, la population exigeant une stabilité désespérément absente et un retour à une économie fonctionnelle.