
Malgré les apparences d’une unanimité, l’adoption par le Parlement de la loi spéciale pour le budget 2026 sonne comme un aveu d’échec retentissant. Députés et sénateurs, incapables de s’accorder sur un projet de loi de finances digne de ce nom, ont dû se résoudre à une « rustine » législative. Une solution de dernière minute qui ne fait que masquer les profondes divisions et l’immobilisme politique ambiant.
Cette loi d’urgence, composée d’une poignée d’articles, permet tout juste à l’État de continuer à fonctionner, mais ne résout en rien les problèmes structurels. Le député socialiste Philippe Brun a d’ailleurs exprimé ses craintes face à des « conséquences cataclysmiques » si cette situation provisoire venait à perdurer. Loin d’être une victoire, cette adoption unanime est le triste reflet d’un compromis minimaliste, forcé par l’incapacité des parlementaires à s’entendre.
Le gouvernement tente de minimiser l’ampleur du désastre en évoquant un déficit à 5,4%, mais l’inquiétude est palpable. Des ministres qualifient cette loi de « service minimum » comportant un « risque maximum » ou de simple « roue de secours », conscient de sa fragilité. L’accoutumance à de telles lois spéciales menace de « fragiliser l’économie » si elles se maintiennent au-delà de janvier, comme l’a averti Roland Lescure.
Emmanuel Macron lui-même a pressé les parlementaires de trouver un vrai budget rapidement, soulignant l’urgence de la situation. Cependant, les négociations s’annoncent tendues, avec des lignes rouges claires pour les socialistes : justice fiscale, budget écologique et préservation des services publics. Des exigences qui risquent de braquer la droite et le camp présidentiel, rendant tout accord pérenne incertain.
L’impasse budgétaire pousse certains à évoquer le recours au très controversé article 49.3, un « passage en force » que le gouvernement a pourtant promis d’éviter. Une telle manœuvre fragiliserait davantage une démocratie déjà mise à mal. Alors que la trêve des confiseurs s’installe, l’incertitude plane sur l’avenir budgétaire de la France, laissant présager de nouvelles batailles politiques.








