
Alors que le télétravail est censé révolutionner l’efficacité professionnelle, une tendance alarmante se dessine : de nombreux employés, notamment des cadres, s’octroient des pauses sportives en pleine journée, aux dépens de leurs heures de travail traditionnelles. Il est 15 heures, un mardi d’hiver sur les quais de Seine, et l’on assiste à un véritable défilé de coureurs, parmi lesquels des banquiers, des consultants marketing et des Web designers, tous censés être en activité. Grégory, 29 ans, Web designer, justifie cette pratique par le simple désir de courir en pleine lumière, une justification qui sonne étrangement face aux impératifs professionnels.
Ce phénomène, loin d’être marginal, est corroboré par des chiffres inquiétants. En 2023, 73 % des cadres en France pratiquent une activité sportive, et 39 % de ceux en télétravail estiment que ce mode de travail facilite cette dérive. Plutôt qu’un gain de flexibilité bénéfique, il semble que le télétravail devienne un prétexte à un lâcher-prise hiérarchique généralisé. Les employés sont-ils réellement plus performants ou simplement plus habiles à jongler avec leurs emplois du temps pour privilégier leurs loisirs au détriment de leurs responsabilités ?
Cette situation soulève de sérieuses questions sur l’impact réel du télétravail sur la productivité et la culture d’entreprise. Derrière l’apparente autonomie se cache peut-être une baisse significative de l’engagement et une désorganisation progressive des équipes. Le fait que les employés « rattrapent » leurs heures tôt le matin ou tard le soir, comme le prétend Grégory, masque-t-il une surcharge de travail ou simplement une incapacité à gérer efficacement leur temps ? Cette nouvelle norme pourrait bien être une bombe à retardement pour la compétitivité des entreprises françaises.