
L’histoire de Sonia, la femme qui a permis de localiser Abdelhamid Abaaoud après les attentats du 13-Novembre, est loin d’être un conte de fées, même avec une cagnotte en ligne dépassant les 200 000 euros. Pour avoir accompli un acte citoyen d’une bravoure incontestable, elle est devenue un véritable fantôme, sans identité ni adresse, accumulant les dettes et vivant une existence de paria depuis une décennie. Une somme, bien que conséquente, ne suffira jamais à effacer les marques d’une vie volée par la menace terroriste et l’abandon institutionnel.
Depuis 2015, Sonia a tout perdu : son identité, son travail, sa vie familiale normale. Contrainte à l’exil avec son mari et ses enfants, sous la protection précaire de l’État qui lui alloue une maigre allocation de 1500 euros, elle est confrontée à une absurdité administrative. L’absence d’existence officielle l’a plongée dans un gouffre de dettes, malgré le fait qu’elle ait sauvé des vies et empêché de nouvelles tragédies. La reconnaissance arrive tardivement et est bien insuffisante face à l’ampleur de son sacrifice.
Son histoire, révélée au grand jour par une série télévisée, a poussé des milliers de Français à contribuer à cette cagnotte, espérant lui offrir une nouvelle chance. Pourtant, les messages de soutien, bien que touchants, ne remplacent pas une vie normale. Alors que les citoyens se mobilisent, l’État semble avoir failli dans sa mission de protection et de réintégration. Sonia incarne le paradoxe d’une héroïne abandonnée, dont l’acte de bravoure a été récompensé par une existence précaire et cachée. C’est une bien triste réalité qui se cache derrière ces dons généreux : l’incapacité d’une société à protéger ceux qui la protègent, même face aux menaces les plus sombres.







