
La Californie, autrefois championne de l’« abondance », se retrouve confrontée à une dure réalité budgétaire. Le gouverneur Gavin Newsom, fervent défenseur de cette idéologie, a dévoilé une proposition de budget révisée pour 2025-2026, révélant un déficit colossal qui force des coupes drastiques, notamment dans des programmes sociaux pourtant cruciaux. L’État, qui prônait « bâtir plus, produire plus, développer, aller plus vite », est désormais contraint de revoir ses ambitions à la baisse, un échec retentissant pour cette vision utopique.
Le concept d’« abondance », popularisé par Ezra Klein et Derek Thompson, promettait un avenir où logements, énergies, transports et soins seraient disponibles à profusion. Une rhétorique séduisante pour un Parti démocrate en quête de renouveau, mais qui s’avère désormais déconnectée des difficultés financières actuelles. Alors que le budget initial de janvier prévoyait un léger excédent, la révision de mai a révélé un déficit de près de 12 milliards de dollars, en partie attribué à une « Trump slump » et à une mauvaise gestion des dépenses.
Pour faire face à cette crise, Newsom propose des mesures douloureuses, comme le gel des nouvelles inscriptions à Medi-Cal pour les immigrants adultes sans papiers et l’instauration de primes mensuelles, des décisions qui suscitent une vive opposition des syndicats et des groupes de défense des droits. Ces coupes, qui toucheront également les personnes âgées, les personnes handicapées et les jeunes pris en charge, soulignent la fragilité d’une politique qui, malgré ses grandes promesses, n’a pas su anticiper les chocs économiques.
Les critiques fusent : certains dénoncent des « subterfuges comptables » masquant une crise bien plus profonde, tandis que d’autres estiment que la Californie souffre d’un problème de dépenses excessives, et non de revenus insuffisants. Ce virage forcé de l’« abondance » à l’austérité jette une ombre sur la capacité de la Californie à concrétiser ses idéaux progressistes, et pose la question de la viabilité de ce modèle face aux dures réalités économiques.