
L’élection présidentielle camerounaise, loin de dissiper les tensions, plonge le pays dans une incertitude inquiétante. Alors que le président Paul Biya, 92 ans, vise un huitième mandat dans un scrutin largement décrié, les recours se multiplient. Le Conseil constitutionnel, dont la proximité avec le pouvoir est source de nombreuses critiques, a enregistré cinq plaintes dénonçant des fraudes massives. Pourtant, l’absence du principal challenger, Issa Tchiroma Bakary, parmi les requérants soulève des questions. Ses équipes, dénonçant un processus « tronqué » et des procès-verbaux « entachés d’irrégularités », préfèrent publier leurs propres preuves de victoire, alimentant la suspicion générale.
Les analystes avertissent : l’issue de cette élection est prévisible. Malgré les multiples accusations de fraude, les institutions semblent prêtes à entériner la victoire de Biya, perpétuant ainsi un système verrouillé depuis plus de quatre décennies. Le rejet, en août, de la candidature de Maurice Kamto, arrivé deuxième en 2018 et qui s’était proclamé vainqueur, illustre la mainmise du régime sur le processus électoral. Cette mascarade démocratique ne fait qu’accentuer la frustration populaire et la colère face à un pouvoir inébranlable.
La situation sur le terrain est à l’image de cette crise de confiance. Des tensions éclatent entre les forces de l’ordre et les partisans d’Issa Tchiroma Bakary à Bafoussam et Douala, où quatorze personnes ont été arrêtées. Des incendies ont même été signalés autour d’une antenne de la commission électorale à Dschang, témoignant de la violence latente. Ces incidents ne sont qu’un sombre présage des troubles qui pourraient éclater si la volonté populaire est à nouveau bafouée. La crédibilité de l’ensemble du processus est désormais gravement compromise, laissant présager un avenir incertain pour la stabilité du Cameroun. Le pays semble s’enfoncer dans une crise politique majeure, avec un régime déterminé à se maintenir coûte que coûte.






