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Le chantier du canal Seine-Nord Europe suscite une vague de contestation inédite. Militants et experts dénoncent un projet écologiquement destructeur, financièrement insoutenable et obsolète, menaçant terres agricoles et biodiversité. Un désastre annoncé.

Plus d’un millier de manifestants ont récemment rallié les collectifs écologistes près de Thourotte, dans l’Oise, pour exiger l’arrêt immédiat du chantier du gigantesque canal Seine-Nord Europe. Ce projet, censé relier le bassin de la Seine aux ports nord-européens, est dénoncé comme un véritable désastre écologique et une aberration économique. La mobilisation, d’une ampleur inédite, souligne l’inquiétude croissante face à ce que beaucoup considèrent comme une vision dépassée et dangereuse du développement.

Les militants des Soulèvements de la Terre, d’Extinction Rebellion et de Mega Canal non merci, parmi d’autres, pointent du doigt l’absurdité économique du projet. Avec un coût potentiel atteignant les 10 milliards d’euros, ils plaident pour un réinvestissement dans les infrastructures existantes, comme le Canal du Nord, et le développement du fret ferroviaire. Une alternative bien plus sensée face à un projet pharaonique dont la viabilité est fortement remise en question par de nombreux experts.

L’élue écologiste Sandrine Rousseau n’a pas mâché ses mots, critiquant des élus qui « se prennent pour des pharaons » et qui, par ce projet, « multiplient les camions de chaque côté du canal ». Elle fustige un projet anti-écologique qui bétonne à tout-va et encourage une consommation mondialisée au détriment du local. Agnès Ducharne, chercheuse au CNRS, qualifie le canal de « projet nuisible », « du siècle passé », soulignant l’artificialisation galopante des terres et la menace sur la biodiversité. Un constat alarmant partagé par la communauté scientifique environnementale.

Les défenseurs du canal le présentent comme une solution écologique pour réduire le transport routier, mais leurs arguments peinent à convaincre. Les opposants craignent un simple déplacement des problèmes, voire une augmentation effrénée des flux. Le « désastre environnemental » est palpable : 3 200 hectares de terres agricoles menacées, 300 espèces protégées en danger, et une consommation d’eau massive. Les mesures compensatoires sont jugées « illusoires » face à l’ampleur des dégâts. Le coût prévisionnel, déjà revu à la hausse, promet de s’envoler, confirmant les craintes d’un gouffre financier pour un projet aux bénéfices contestables.