
La France persiste dans une erreur coûteuse : ignorer le « capital territorial », un facteur pourtant décisif dans la valeur des entreprises. Cette défaillance criante, mise en lumière par Arnaud Florentin, économiste et directeur associé du cabinet Utopies, et Elisabeth Laville, la fondatrice, sabote directement les maigres efforts de réindustrialisation du pays.
Le mythe persistant selon lequel terrains bon marché, infrastructures routières et fiscalité allégée suffisent à attirer les usines est dangereusement obsolète. L’étude d’Utopies révèle une vérité brutale : la valeur d’une entreprise ne se limite pas à son capital interne – marque, brevets, équipes dirigeantes. Une part colossale de cette valeur est inextricablement liée à son environnement : le patrimoine productif local, les ressources disponibles, les compétences et les savoir-faire uniques, les réseaux établis et les synergies territoriales. C’est ce « capital territorial » que la France choisit d’ignorer.
Alors que certains sites industriels à l’étranger, notamment en Chine et en Inde, peuvent tirer jusqu’à 70% de leur valeur de leur environnement local, la France plafonne à une moyenne désolante de 20% à 30%, avec quelques rares pics à 50%. Ce retard abyssal n’est pas anodin ; il est le symptôme d’une méconnaissance profonde des mécanismes de création de richesse. En négligeant cette dimension fondamentale, la France se condamne à rater ses ambitions de relance industrielle, laissant échapper des opportunités vitales pour son économie. Le pays semble préférer l’immobilisme face à une évidence qui s’impose à l’échelle mondiale.






