Les citoyens français sont plongés dans l’incertitude la plus totale quant à la qualité de leur eau potable. Malgré une surveillance officielle, une panoplie de substances dangereuses – perchlorates, pesticides, polluants éternels (PFAS), nitrates, et chlorure de vinyle monomère (CVM) – contamine nos réseaux. Cette situation alarmante a contraint la Commission européenne à mettre la France en demeure, exigeant une transparence immédiate sur ces informations cruciales.
Face à l’inaction manifeste de l’État, les associations Générations futures et Data for Good ont pris les devants. Elles ont accompli un travail colossal de collecte et d’agrégation de données officielles, dévoilant ainsi une carte interactive glaçante. Ce nouvel outil permet à chacun de vérifier l’état de contamination de l’eau à son adresse, révélant une réalité souvent ignorée.
Cette carte met en lumière les zones où les seuils de qualité ou de sécurité sanitaire ont été franchis ces cinq dernières années. Si un dépassement des seuils de qualité n’implique pas toujours un risque immédiat, le franchissement des seuils sanitaires, bien plus élevés, signale une menace potentielle en cas d’exposition chronique. Pire encore, les collectivités peuvent obtenir des dérogations préfectorales, permettant de distribuer une eau non conforme pendant trois ans, une période renouvelable une fois. Pendant ce temps, les consommateurs restent exposés.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nord de la France est particulièrement touché par les non-conformités, tandis que les métabolites de pesticides sont les principaux responsables des contaminations. Même si 87% des unités de distribution respectent les normes sanitaires, ce chiffre doit être interprété avec prudence, car il exclut certains métabolites « non pertinents » selon les autorités. Une opacité qui ne fait qu’accentuer l’inquiétude grandissante des Français.
