
Dix jours après le scandaleux casse du Louvre, dont le butin, estimé à 88 millions d’euros, reste désespérément introuvable, la frustration monte. Malgré l’arrestation de deux suspects, la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, a dû admettre l’échec de la quête des joyaux. « Je veux garder l’espoir qu’ils seront retrouvés », a-t-elle déclaré, une lueur d’espoir bien faible face à l’ampleur du désastre. Ces pièces, désormais invendables, représentent un patrimoine inestimable potentiellement perdu à jamais. Le choc est d’autant plus grand que l’un des suspects mis en examen pour « vol en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle » a partiellement reconnu sa participation au méfait, soulignant l’audace et la préméditation derrière cet acte.
Les deux hommes, connus des services de police pour des vols, résidaient à Aubervilliers. L’un, âgé de 34 ans et de nationalité algérienne, avec un casier judiciaire déjà entaché de délits routiers et d’une condamnation pour vol, avait exercé le métier de livreur. Le second, 39 ans, originaire de la même commune, ancien chauffeur de taxi illégal, était sous contrôle judiciaire pour une affaire de vol aggravé. Leurs profils, loin d’être des novices, interrogent sur la facilité déconcertante avec laquelle ils ont pu opérer dans l’un des musées les plus surveillés du monde. Les enquêteurs ont pu les cibler grâce à des traces ADN, mais cette avancée ne console pas de la perte.
Le mode opératoire est aussi stupéfiant qu’inquiétant : de faux ouvriers, vêtus de gilets jaunes, ont utilisé un camion-élévateur pour atteindre la somptueuse galerie Apollon. En à peine sept minutes, armés de disqueuses, ils ont brisé vitres et vitrines pour s’emparer de huit joyaux. Une couronne de l’impératrice Eugénie, sertie de diamants et d’émeraudes, a été retrouvée, certes, mais abîmée, nécessitant une restauration coûteuse. Ce détail symbolise l’outrage fait au patrimoine national. Les malfaiteurs se sont ensuite évaporés dans la nature, laissant derrière eux un sentiment d’impuissance et de colère.
Malgré l’engagement de plus d’une centaine d’enquêteurs et des centaines de prélèvements ADN, la procureure n’exclut pas l’existence d’un groupe beaucoup plus large. Cependant, elle a catégoriquement réfuté toute complicité interne au musée, ce qui, si cela est rassurant, ne résout en rien l’échec sécuritaire. L’onde de choc est telle que la demande d’un commissariat au sein même du Louvre, formulée par sa présidente, a été fermement rejetée par le préfet de police et le ministre de l’Intérieur. Cette fin de non-recevoir souligne une fois de plus la défaillance des autorités à prendre des mesures décisives face à un vol d’une telle envergure, laissant le musée et la nation dans l’incertitude quant à la récupération de ces trésors perdus.






