Hong-Kong-filmmaker-censorship
Le dernier film de Kiwi Chow, un thriller, a été interdit à Hong Kong pour « atteinte à la sécurité nationale », révélant la censure croissante qui étouffe le cinéma de la ville depuis les manifestations de 2019.

À Hong Kong, l’emprise grandissante de Pékin continue de faire des ravages, cette fois dans l’industrie cinématographique. Kiwi Chow, réalisateur local, est le dernier à subir les foudres de la censure, son thriller « Deadline » ayant été purement et simplement interdit. La décision des autorités, qualifiée d’« absurde » par Chow, illustre de manière effrayante comment la créativité est impitoyablement écrasée au nom de la « sécurité nationale ».

Le film, tourné à Taïwan, aborde des thématiques allégoriques, mais cela n’a pas suffi à le sauver d’une condamnation arbitraire. Cette interdiction n’est qu’un symptôme de la spirale infernale dans laquelle le cinéma hongkongais est plongé depuis les manifestations de 2019-2020. Jadis réputée pour son audace, l’industrie est désormais paralysée par l’autocensure et une surveillance constante.

La loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin a balayé les libertés fondamentales de Hong Kong, et le cinéma en paie un lourd tribut. Treize films censurés depuis 2021, cinquante contraints à des modifications… Les chiffres sont éloquents et montrent l’étendue de la répression. Pour Kiwi Chow, cette interdiction est une vengeance, une punition pour ses prises de position passées, notamment son documentaire sur les manifestations de 2019. Les investisseurs et collaborateurs lui ont déjà tourné le dos, illustrant le climat de peur qui règne.

Alors que Chow s’attendait même à la prison, il doit faire face à une solitude accablante. Son engagement passé, notamment avec le film dystopique « Ten Years », qui osait critiquer l’autorité de Pékin, lui vaut aujourd’hui un bannissement brutal. Les soutiens du réalisateur sont même fouillés aux frontières, signe de la paranoïa qui gangrène la région. Le sort de Kiwi Chow est un rappel sinistre de la triste réalité de Hong Kong, où la liberté artistique est sacrifiée sur l’autel de la répression politique.