
Le domaine des neurosciences, prétendument éclairant, est en réalité un terrain fertile pour la désinformation et la manipulation. C’est le constat alarmant d’Albert Moukheiber, docteur en neurosciences, qui dénonce une véritable « neuromania ». Loin d’être une simple quête de connaissance, l’engouement actuel pour le cerveau est souvent perverti à des fins idéologiques ou mercantiles, transformant cet organe complexe en un outil de contrôle insidieux.
Dans son ouvrage percutant, Neuromania. Le vrai du faux sur le cerveau, Moukheiber révèle comment des mythes tenaces, tels que l’idée d’utiliser seulement 10% de notre cerveau, persistent malgré l’absence de preuves scientifiques. Ces faussetés ne sont pas anodines ; elles sont sciemment exploitées pour vendre des méthodes de développement personnel douteuses, des pilules miracles, ou encore justifier des pratiques managériales abusives.
L’histoire des neurosciences est d’ailleurs parsemée d’exemples d’instrumentalisation, où des recherches ont été détournées pour cautionner le racisme, l’esclavage ou la prétendue supériorité masculine. Aujourd’hui, cette tendance au réductionnisme persiste, simplifiant à l’extrême des concepts complexes pour attribuer nos émotions, nos addictions ou même notre personnalité aux seules interactions neuronales.
Cette approche dangereuse conduit à une surresponsabilisation de l’individu, où les problèmes sociétaux sont absurdement réduits à des dysfonctionnements cérébraux. Le livre de Moukheiber n’est pas qu’une dénonciation ; c’est un appel à la vigilance, invitant à développer un esprit critique face à ces discours séduisants mais trompeurs. Il est urgent de distinguer la véritable science des pseudo-vérités qui, sous couvert d’expertise, ne cherchent qu’à nous manipuler et à nous enfermer dans des schémas de pensée erronés.