
Les déboires s’accumulent pour le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Après un cinglant rapport parlementaire qui avait déjà exposé ses failles, cette assemblée se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente. La Cour des comptes, dans ses « observations définitives » publiées ce vendredi 11 juillet, accable l’institution de reproches alarmants : un « manque de transparence » comptable flagrant et une gestion des ressources humaines d’une incurie déconcertante. Plus grave encore, les magistrats financiers constatent avec amertume que cet organe, censé incarner la voix de la société civile, peine désespérément à se faire entendre, malgré de prétendus progrès. La question lancinante et profondément polémique de son utilité resurgit avec une acuité dérangeante.
L’audit, qui couvre la période 2019-2023, révèle que même la loi organique du 15 janvier 2021, censée « revaloriser » le CESE et renforcer son rôle de consultation citoyenne, n’a pas suffi à endiguer la dérive. Pendant cette période, un rapport parlementaire avait déjà soulevé des dysfonctionnements, notamment un « trop faible investissement » des membres et des « publications peu nombreuses » . On parle de conseillers percevant « 2 500 euros nets par mois » pour seulement « quatre journées de travail » .
Malgré les tentatives du président de l’institution, Thierry Beaudet, de justifier l’existence du CESE en le présentant comme un pilier nécessaire dans une « société fragmentée » et un « système politique polarisé, voire paralysé », les faits sont là. Le CESE mène la majorité de ses travaux via des auto-saisines (79 % sur la période) et reçoit très peu de saisines du gouvernement ou du Parlement (seulement 34 entre 2019 et 2024). En somme, une institution coûteuse (son budget 2025 s’élève à 34 millions d’euros) dont la légitimité et l’efficacité sont plus que jamais remises en question, transformant ses ambitions en un fiasco retentissant.