
Dix ans après la tragédie qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, une proposition controversée émerge : panthéoniser Charb, le dessinateur assassiné. Cette idée, portée par la rédaction actuelle et les proches du défunt, suscite déjà des interrogations. Est-ce un hommage sincère ou une tentative désespérée de ranimer un débat qui s’éteint ?
Riss, l’actuel directeur de la publication, argumente que Charb « coche toutes les cases » pour rejoindre les grands hommes. Selon lui, il représente les « valeurs » fondamentales de la démocratie. Mais le fait qu’il ait été « exécuté pour ses opinions par des terroristes » suffit-il à justifier une telle distinction, ou s’agit-il d’une instrumentalisation du drame ? Charb aurait-il même souhaité un tel honneur, lui qui se moquait des institutions ?
La demande est officiellement formulée auprès du président de la République, avec l’espoir « d’ancrer définitivement cet événement dans l’histoire ». Les valeurs de « liberté d’expression, d’antiracisme, de justice sociale et de laïcité » sont brandies comme étendards. Pourtant, on ne peut s’empêcher de se demander si cette démarche n’est pas un prétexte pour relancer la polémique autour des caricatures de Mahomet, dont la republication vise à marquer « l’anniversaire d’une manipulation internationale ».
L’attentat de 2015, qui a coûté la vie à douze personnes, dont Cabu et Wolinski, reste une cicatrice profonde. Mais faire entrer Charb au Panthéon, sous couvert de commémoration, risque de transformer un hommage en un acte politique clivant, exacerbant les tensions plutôt que de fédérer. Une initiative lourde de sens, dont les motivations profondes restent à déchiffrer.






