
L’industrie automobile européenne respire, mais la menace plane toujours. La Chine a temporairement assoupli l’interdiction d’exporter vers l’Europe les composants Nexperia, un fournisseur vital. Cette décision, accueillie avec un soulagement précaire, intervient après un bras de fer géopolitique tendu entre Pékin et les Pays-Bas, qui a mis en lumière la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement européenne.
« Nous examinerons de manière exhaustive la situation réelle des entreprises et accorderons des exemptions aux exportations qui répondent aux critères », a déclaré un porte-parole du ministère du commerce chinois. Une déclaration rassurante en apparence, mais qui souligne le pouvoir discrétionnaire de Pékin sur un marché crucial. L’entreprise Nexperia, pourtant basée aux Pays-Bas, est passée sous le contrôle d’une société chinoise en 2018. Ses puces sont produites en Europe, puis envoyées en Chine pour la finition, avant d’être réexportées.
Fin septembre, les Pays-Bas ont invoqué des raisons de sécurité nationale pour prendre le contrôle de Nexperia, déclenchant la riposte chinoise et l’interdiction de réexportation. Cette escalade a créé une onde de choc chez les constructeurs automobiles, massivement dépendants de ces puces pour leurs systèmes électroniques embarqués.
Cette reprise des expéditions, fruit d’un accord entre Xi Jinping et Donald Trump, ainsi que de discussions avec l’UE, ne résout pas le problème de fond. L’Europe est otage de cette dépendance : Nexperia fournit 49 % des composants électroniques de l’industrie automobile européenne. L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) avait d’ailleurs averti le mois dernier que sans ces puces, la production serait « gravement affectée », menaçant des arrêts de production en cascade.
Ces puces, bien que technologiquement « simples » (diodes, régulateurs de tension, transistors), sont absolument indispensables à des véhicules de plus en plus sophistiqués. Au-delà des voitures, elles sont utilisées dans une multitude de composants industriels et électroniques grand public, révélant une interdépendance mondiale complexe et périlleuse.






