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Malgré un diplôme, Bao Bei, 30 ans, est contrainte à la précarité en Chine, cumulant les missions de ménage pour JD.com, un symbole de la désillusion d'une jeunesse chinoise face à un avenir incertain et un marché du travail impitoyable. Son histoire révèle la face sombre d'une économie en mutation.

L’illusion d’une ascension sociale en Chine s’effondre pour de nombreux jeunes diplômés, à l’image de Bao Bei, contrainte à la précarité malgré ses études. À 30 ans, elle cumule les heures de ménage pour JD.com, le géant de l’e-commerce, percevant à peine 10,50 euros par mission de deux heures. Un revenu de misère qui contraste cruellement avec son ancien salaire d’enseignante et l’idéal de stabilité promis par un diplôme.

Son histoire est le reflet d’une jeunesse chinoise écrasée par le poids des circonstances. L’endettement de ses parents, suite à un accident mortel impliquant leur entreprise et l’abattage de leur troupeau pour cause de grippe, a brisé leurs espoirs. Ce double drame familial a poussé les trois enfants, tous diplômés, vers des voies désespérées : l’aînée travaille sur un champ de gaz de schiste, la cadette a ouvert un petit atelier de cosmétiques et Bao Bei enchaîne les ménages, dormant dans un dortoir vétuste en périphérie de Pékin pour 110 euros par mois.

Cette situation met en lumière une fracture grandissante en Chine, où même un diplôme universitaire ne garantit plus un emploi stable et décent. Le ralentissement économique, la concurrence féroce et le marché du travail asséché forcent de nombreux jeunes à accepter des conditions de travail indignes. Ils se retrouvent souvent surqualifiés pour des postes sous-payés, sans réelles perspectives d’évolution.

JD.com, bien que se présentant comme un acteur majeur de l’innovation et de la logistique, symbolise cette dérive. L’entreprise, qui gère sa propre chaîne logistique et mise sur la technologie, propose des emplois à la tâche qui exploitent la vulnérabilité de cette main-d’œuvre qualifiée mais désespérée. Ce modèle, qui privilégie la flexibilité et la rentabilité, laisse une génération entière face à un avenir incertain, loin des promesses d’une Chine prospère et équitable. La multiplication des plateformes numériques semble intensifier cette précarité, transformant les travailleurs en prestataires sans protection sociale, dépendants de missions instables.