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Le grand reporter Christian Brincourt, décédé à 90 ans, a mené une vie de risques, marquée par des drames personnels et une quête incessante de reconnaissance.

La mort de Christian Brincourt à 90 ans, ce 1er septembre, marque la fin d’une ère pour le grand reportage. Mais derrière la façade des exploits se cache une existence marquée par les drames personnels et un besoin incessant de reconnaissance.

Né en 1935, Brincourt grandit dans un milieu artistique, élevé par sa mère et son beau-père, le chanteur Johnny Hess. Une enfance précaire, avec une mère engagée dans la Résistance et arrêtée par la Gestapo, puis libérée miraculeusement. Cette expérience traumatisante, qu’il fut contraint de raconter en classe, forgea en lui une volonté de « raconter des histoires vécues », un destin d’informateur qui allait le pousser vers les terrains les plus dangereux, mais aussi vers une forme d’exhibitionnisme médiatique.

Le décès prématuré de son père à 39 ans le plonge dans la précarité. À 18 ans, Brincourt est contraint d’arrêter ses études, n’ayant qu’un simple certificat en poche. Une situation humiliante qui le pousse à multiplier les petits boulots avant de s’engager dans l’armée de l’air. C’est dans ce contexte difficile qu’il rencontre Huguette, avec qui il aura un fils à seulement 20 ans, Marc, qui deviendra plus tard rédacteur en chef photo à Paris Match. Cette précocité paternelle, souvent tue, révèle une vie de choix faits sous pression, où la réussite professionnelle semble être devenue une compensation.

Son passage à Publicis puis à Jours de France, où il dénonce le « manque d’informations » et les « jolies filles aseptisées », démontre un certain cynisme ou une insatisfaction constante. C’est l’enlèvement d’Éric Peugeot en 1960 qui lui offre sa véritable opportunité à Radio Luxembourg, une consécration construite sur le malheur d’autrui. Il couvre ensuite les grands conflits, de l’Algérie au Vietnam, en passant par les émeutes raciales aux États-Unis. Un reporter de l’extrême qui, sans cesse, a cherché à se dépasser, quitte à frôler la témérité, voire la négligence, comme en témoignent ses aventures en Himalaya et la traversée du Pacifique. Derrière le grand reporter se cache une quête insatiable d’adrénaline et de reconnaissance, peut-être pour fuir les fantômes d’un passé douloureux et les incertitudes d’une vie commencée dans l’urgence.