Le gouvernement Bayrou vacille, et l’enjeu dépasse la simple nomination à Matignon. Il s’agit surtout d’éviter de plonger la France dans le même gouffre d’erreurs économiques qui ont marqué la dernière année. La stratégie budgétaire, basée sur une réduction fantasmée de 40 milliards d’euros de la dépense publique par an pour un équilibre illusoire en 2030, se révèle n’être qu’un écran de fumée. Les prévisions réelles pour 2025, envoyées à la Commission européenne, ne dépassent pas les 12 milliards, preuve flagrante d’un budget voté sans réelles coupes.
Cette incohérence, bien que potentiellement bénéfique pour l’activité en évitant une hausse massive du chômage (environ 500 000 personnes en deux ans selon l’OFCE), expose la naviguation à vue d’un exécutif sans cap. Le choix désastreux de miser uniquement sur la réduction des dépenses pour préserver une politique de l’offre axée sur la baisse des prélèvements obligatoires a déjà montré ses limites : des caisses vides, des emplois de qualité introuvables, et une pauvreté alarmante en constante augmentation.
La question cruciale n’est plus de savoir qui dirigera, mais si la France aura enfin le courage de rompre avec cette trajectoire autodestructrice. Un budget 2026 ambitieux, inscrit dans une stratégie de long terme, est impératif. La politique budgétaire ne se limite pas à un exercice annuel ; elle façonne l’économie, la protection sociale, l’efficacité des services publics et la capacité du pays à affronter les défis futurs. La France, contrairement à ses voisins, a vu son déficit se creuser depuis la pandémie, la productivité stagner, et la croissance durable rester un mythe. L’éducation et la santé se dégradent, et l’absence d’investissements suffisants dans la transition écologique hypothèque notre avenir. Le constat est sans appel : un échec cuisant nous guette si rien ne change.
