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Le groupe de bijoux fantaisie Claire’s se place de nouveau sous la protection de la loi américaine sur les faillites, une décision "difficile mais nécessaire" face à une concurrence accrue, des habitudes de consommation changeantes, et une dette écrasante. L'avenir de milliers d'emplois est en jeu. [1, 2, 4, 10]

Le géant des bijoux fantaisie, Claire’s, se trouve de nouveau au bord du gouffre. Ce mercredi 6 août, le groupe a officiellement demandé la protection de la loi américaine sur les faillites, le fameux « Chapter 11 », pour ses opérations aux États-Unis et plusieurs de ses filiales, incluant les enseignes Claire’s et Icing. Une démarche similaire est également prévue au Canada, sans plus de détails sur le calendrier, ce qui ne laisse rien présager de bon pour l’emploi.

Malgré cette nouvelle dévastatrice, la direction tente de rassurer : les magasins resteraient ouverts et les salaires des employés seraient maintenus. Une maigre consolation, d’autant que la filiale française a déjà été placée en redressement judiciaire en juillet, illustrant la descente aux enfers de l’entreprise à l’échelle mondiale. Chris Cramer, le PDG de Claire’s depuis juin 2024, a qualifié cette décision de « difficile mais nécessaire », un aveu de faiblesse face à l’inéluctable.

Les causes de cette débâcle sont multiples : une concurrence acharnée, des habitudes de consommation en pleine mutation, un désintérêt croissant pour le commerce physique, et surtout, un endettement colossal. Pour ne rien arranger, les nouveaux droits de douane américains semblent avoir porté le coup de grâce. Neil Saunders, directeur chez GlobalData, ne mâche pas ses mots : cette faillite est « tout sauf une surprise », Claire’s étant « submergé par un cocktail de problèmes » rendant toute rentabilité impossible. La survie face à des géants comme Amazon et des nouveaux venus agressifs comme Lovisa semble une bataille perdue d’avance.

C’est un funeste remake pour Claire’s, qui avait déjà eu recours au Chapter 11 en 2018 pour éponger une dette astronomique de 2,1 milliards de dollars. L’entreprise, fondée en 1961 et rachetée par Apollo Global Management en 2007, est désormais majoritairement détenue par Elliott Management. Avec des actifs et passifs estimés entre un et dix milliards de dollars, dont plus de 600 millions à échéance en 2026, l’avenir de près de 7 000 employés américains et 1 350 boutiques reste plus qu’incertain. La période d’observation de six mois accordée en France sonne comme un sursis, avant une éventuelle liquidation pure et simple.