
Depuis plus de quarante ans, le Collège de Moncton se vante d’offrir des formations professionnelles en français. Pourtant, malgré son affiliation à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, la réalité est bien plus sombre. L’établissement, situé au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue, prétend faciliter l’intégration professionnelle. Mais à quel prix, et avec quelle réelle efficacité ?
Avec ses cinq campus et ses 2 500 étudiants, le Collège de Moncton propose un catalogue de plus de 90 cursus. De la santé à la mécanique en passant par le marketing, la promesse est la même : des formations courtes, d’un à trois ans, menant directement à l’emploi. Juan Manuel Toro Lara, le directeur, ose affirmer que ces cursus «sont étroitement liés aux besoins du marché provincial». Une déclaration audacieuse quand on connaît les difficultés persistantes du marché de l’emploi.
Le discours sur le bilinguisme est particulièrement trompeur. Si les cours sont en français, l’établissement assure qu’un étudiant français «aura acquis un bon niveau d’anglais». Une opportunité factice, car l’immersion forcée dans une province bilingue peut rapidement devenir un fardeau pour ceux qui recherchent une véritable francophonie. Et pour les formations anglophones, des tests linguistiques viennent ajouter une barrière supplémentaire.
Les critères d’admission, qui exigent l’équivalent canadien du bac ou le diplôme français, avec une étude des notes du lycée, semblent anodins. Mais 60% des étudiants sont des adultes, souvent des «Français qui souhaitent accroître leurs chances sur le marché de l’emploi au Canada». Ils doivent passer des tests en ligne, un obstacle de plus dans leur parcours déjà semé d’embûches. La promesse de stages obligatoires et d’équipements industriels ne masque pas la dure réalité : les diplômés doivent se battre pour trouver un poste.
Malgré les affirmations d’un placement facile, avec des salaires prétendument plus élevés qu’en France, la pilule est amère pour les étudiants internationaux. Les frais de scolarité exorbitants, plus de 6 440 euros pour la première année et plus de 6 140 euros pour la troisième, pèsent lourdement sur leur budget. Le rêve canadien se transforme vite en cauchemar financier, laissant de nombreux diplômés endettés et confrontés à un marché du travail moins idyllique que promis.