
L’attrait des comptes bancaires professionnels gratuits séduit de nombreux indépendants et micro-entrepreneurs. Une petite dizaine d’établissements, dont Shine et BoursoBank, promettent une offre alléchante incluant compte et carte sans frais initiaux. Jean-Baptiste Sciandra, président de Shine, y voit une aubaine pour les professionnels en démarrage, souvent sans chiffre d’affaires immédiat et soucieux de ne pas alourdir leurs charges. Mais cette gratuité n’est-elle qu’un mirage, masquant des coûts cachés et des limitations frustrantes ?
La réalité est souvent plus sombre. Si des acteurs comme BoursoBank maintiennent une offre unique et gratuite, la plupart des établissements, à l’image de Shine, proposent des forfaits payants plus complets. Xavier Prin de BoursoBank a même étendu cette offre aux personnes morales fin 2024, un mouvement qui, loin d’être un geste de générosité, pourrait n’être qu’une stratégie pour attirer une clientèle plus large avant de la monétiser.
Les pièges sont nombreux : paiements en devises, retraits d’espèces, et autres « services complémentaires » peuvent rapidement faire grimper la facture. Les professionnels, notamment les artisans effectuant des achats à l’étranger, doivent faire preuve d’une vigilance extrême pour éviter les mauvaises surprises. Nicolas Moalic de Revolut France admet que seule une minorité, comme les consultants free-lance se faisant payer par virement et respectant des limites de retrait, parvient réellement à « ne rien payer ».
Cette prétendue gratuité n’est donc qu’une invitation à basculer vers des offres payantes, plus rémunératrices pour les banques. Plus de 75 % des clients de Shine, malgré l’abonnement, ne paieraient pas de frais supplémentaires, ce qui soulève la question de la rentabilité réelle pour ces établissements. De plus, les solutions d’encaissement par carte bancaire sont systématiquement facturées, ajoutant une couche de dépenses inévitables pour la plupart des activités. L’indépendant se retrouve pris au piège d’un système où la gratuité initiale se transforme rapidement en un fardeau financier insoupçonné.






