
Alors que l’idée de gagner de l’argent sans le moindre effort semble attrayante, la réalité des comptes courants rémunérés en France est une véritable désillusion. Les 556 milliards d’euros qui stagnent dans les dépôts à vue de millions de Français rapportent un misérable 0,04 % d’intérêts. Une humiliation, alors que les banques se gavent en plaçant cet argent auprès de la Banque Centrale Européenne à des taux bien plus juteux, autour de 2 %.
Le cynisme de la situation est d’autant plus flagrant quand on se souvient de l’histoire. Il y a vingt ans, la filiale française de la banque espagnole Caixa avait osé l’impensable : rémunérer les comptes courants de ses clients. Une initiative vite réprimée par la Commission bancaire française, avant que la justice européenne ne rappelle à l’ordre ces pratiques anticoncurrentielles. Malheureusement, la victoire légale de 2004 n’a pas suffi à réveiller un secteur bancaire français visiblement peu enclin à la générosité.
Aujourd’hui, seuls trois acteurs ont brisé ce silence assourdissant : Sumeria, Trade Republic et Monabanq. Trois maigres exceptions dans un océan de banques qui préfèrent s’enrichir sur l’argent « dormant » de leurs clients. Cyril Chiche, cofondateur de Sumeria, le clame haut et fort : « Il n’y a aucune raison qu’un établissement gagne de l’argent grâce à ces dépôts sans le redistribuer à ses clients. » Un constat accablant pour l’ensemble du système bancaire.
La plupart des établissements tentent de masquer cette avarice en proposant des livrets d’épargne distincts. Une manœuvre pour faire croire qu’ils se soucient de l’épargne de leurs clients, alors qu’ils les obligent à une démarche supplémentaire. Un stratagème peu commode qui permet aux banques de continuer à profiter de l’inaction de leurs clients. Le piège est clair : pourquoi se donner la peine de rémunérer un compte courant quand on peut laisser l’argent des clients dormir sans effort et en tirer profit ?








