
L’installation des compteurs individuels d’eau et de chauffage, censée apporter équité et responsabilisation, tourne au cauchemar dans de nombreuses copropriétés françaises. Malgré une obligation légale ancienne pour l’eau chaude (1974) et plus récente pour l’eau froide (2007), la réalité est bien plus complexe. Les prestataires se heurtent à des refus obstinés, des complications techniques et une indifférence généralisée.
Les obstacles sont multiples et souvent absurdes. Alexis, un installateur, témoigne de la difficulté de pénétrer certains appartements. Entre les résidents âgés craintifs, les personnes isolées souffrant parfois du syndrome de Diogène, et ceux qui refusent purement et simplement toute forme de facturation individuelle, le parcours est semé d’embûches.
Pire encore, certains copropriétaires négligent des travaux indispensables depuis des années, rendant toute installation impossible. Les locataires, peu concernés par des charges qu’ils ne paient pas toujours directement, affichent une apathie déconcertante. Cette situation ubuesque engendre des surcoûts et un gaspillage qui pèsent sur l’ensemble des habitants.
Malgré les promesses d’économies significatives – certains estiment une baisse de consommation de 15% à 20% – le coût initial de l’installation et les tarifs de location des compteurs rebutent bon nombre de propriétaires. Le fiasco est tel que, six ans après certaines tentatives, de nombreuses copropriétés n’ont toujours pas réussi à équiper tous leurs logements. Une véritable parodie d’équité.