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La frontière Afghanistan-Pakistan est le théâtre d'une dangereuse escalade. Les talibans ont mené des représailles après des frappes aériennes. Le Pakistan, excédé par le soutien taliban au TTP, menace de représailles, promettant une catastrophe régionale.

Une opération militaire talibane, présentée comme des représailles suite à des frappes aériennes attribuées à Islamabad, a secoué la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan. Bien que les autorités talibanes aient annoncé la fin de cette offensive, l’incident laisse planer une ombre menaçante sur une région déjà instable. Enayatullah Khwarizmi, porte-parole du ministère de la Défense taliban, a confirmé des « représailles réussies » contre les forces pakistanaises le long de la ligne Durand, une démarcation frontalière source de tensions constantes. Il a mis en garde contre toute nouvelle violation, promettant une réponse « ferme » des forces afghanes.

Les affrontements, décrits comme « violents », ont éclaté dans plusieurs provinces frontalières afghanes. Un responsable pakistanais de Peshawar a rapporté l’utilisation d’armes légères et d’artillerie lourde par les Talibans, précisant que les forces pakistanaises avaient riposté, abattant trois drones afghans. Cette nouvelle flambée de violence fait suite à des explosions à Kaboul et dans le sud-est de l’Afghanistan, que les Talibans ont rapidement imputées au Pakistan, accusant leur voisin de « violer sa souveraineté ».

Le Pakistan, de son côté, n’a pas revendiqué les frappes, mais a exigé que Kaboul cesse d’abriter le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), un mouvement qui, selon Islamabad, serait responsable de la mort de centaines de ses soldats. Le TTP, dont les liens avec les Talibans afghans sont un secret de polichinelle, a intensifié ses attaques ces derniers mois, revendiquant des opérations meurtrières ayant coûté la vie à 23 personnes. Un rapport de l’ONU a même suggéré que le TTP a « sans doute été le groupe extrémiste étranger en Afghanistan qui a le plus profité » du retour des Talibans au pouvoir, qui l’auraient « activement soutenu ».

Alors que Kaboul et Islamabad se renvoient la responsabilité de cette spirale infernale, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, a exprimé la « perte de patience » de son pays. Il a martelé que « notre réponse pourrait causer des dommages collatéraux », prévenant ceux qui abritent ces militants des « conséquences ». L’année en cours a déjà été la plus meurtrière pour le Pakistan en près d’une décennie, avec plus de 1 600 morts, principalement des soldats. L’Iran et l’Arabie saoudite ont appelé à la retenue, mais le risque d’une catastrophe régionale semble plus proche que jamais.