Corsican-protest-against-crime
La Corse est au bord de la rupture face à une mafia qui s'impose toujours, malgré les mobilisations citoyennes et des promesses d'action. L'île déplore un triste record d'homicides, et l'impunité règne. Les initiatives de l'État suffiront-elles à endiguer ce fléau ?

Malgré une mobilisation citoyenne grandissante, la Corse reste tragiquement engluée dans l’emprise de la mafia. Les manifestations à Ajaccio et Bastia, rassemblant des milliers de personnes, ont hurlé un cri de désespoir : « Assassins, mafieux, dehors ! ». Ce slogan cinglant révèle une exaspération palpable face à l’incapacité des autorités à endiguer la violence et la corruption qui gangrènent l’île.

Le silence, complice et terrifiant, est pointé du doigt. « A maffia tomba, U silenziu dino » (la mafia tue, le silence aussi) clamaient les banderoles, un rappel glaçant des vies brisées, comme celles de Pierre Alessandri et Massimu Susini, assassinés pour avoir osé s’opposer. Cette jeunesse, à l’image de Lara Marcellini, témoigne des répercussions catastrophiques de cette criminalité organisée sur des proches, tandis qu’André Leca, restaurateur, déplore une « immense majorité » qui souffre en silence.

Les efforts déployés par les procureurs et les préfets, bien que louables en théorie, semblent bien dérisoires face à l’ampleur du problème. Une « logique de harcèlement » des groupes criminels est annoncée, avec des enquêtes multipliées dans les secteurs sensibles et des contrôles administratifs renforcés. Mais ces mesures suffiront-elles ? La veuve de Pierre Alessandri, visiblement désemparée, implore une réponse judiciaire concrète. La triste réalité est que malgré les promesses, les assassinats continuent de s’accumuler.

Avec 18 cas et 16 tentatives d’homicide en 2024, la Corse détient un record macabre en France métropolitaine. Le cas de Jacques Santoni, chef présumé de la bande du Petit Bar, est une illustration flagrante des lacunes du système. Malgré une condamnation à treize ans de prison, sa tétraplégie lui permet d’échapper à l’incarcération, et ses procès pour assassinats sont reportés indéfiniment. Un véritable camouflet pour la justice et un symbole amer de l’impunité.

La création d’une commission contre les pratiques mafieuses et d’un pôle régional anticriminalité organisée sont des initiatives présentées comme des avancées. Pourtant, la question demeure : ces dispositifs parviendront-ils à briser l’emprise de ces 20 bandes criminelles répertoriées, qui étouffent l’économie et la liberté des Corses ? L’optimisme est un luxe que l’île ne peut plus se permettre, tant la situation semble désespérément enlisée.