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La Côte d'Ivoire a connu une élection présidentielle décevante, marquée par la réélection d'Alassane Ouattara, un faible engouement populaire et l'exclusion de l'opposition. Un scrutin sans surprise et des tensions persistantes.

La Côte d’Ivoire a une fois de plus été le théâtre d’une élection présidentielle décevante, marquant la quasi-certaine réélection d’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011. Le scrutin, qui s’est déroulé dans un calme apparent, a surtout révélé un désintérêt flagrant de la population et l’exclusion des principales figures de l’opposition, transformant l’exercice démocratique en une simple formalité. Le pays, pourtant premier producteur mondial de cacao, semble incapable de sortir du cycle des tensions politiques exacerbées par des scrutins controversés. La fermeture des bureaux de vote a confirmé ce que beaucoup redoutait : une faible participation et l’absence d’un véritable enjeu électoral.

Le manque d’engouement était palpable, particulièrement dans les régions traditionnellement acquises à l’opposition, comme le sud et l’ouest. À Abidjan, la capitale économique, les rues désertes témoignaient d’un dimanche, loin de l’effervescence habituelle d’un jour de vote. Moins de 25% des électeurs se sont déplacés dans de nombreux bureaux, un chiffre accablant qui souligne le sentiment d’impuissance des citoyens. Comme l’a amèrement constaté un étudiant de 26 ans, « Ouattara est déjà élu », résumant parfaitement le sentiment généralisé d’une élection jouée d’avance et un coup fatal porté à la liberté d’expression.

L’absence de rivaux crédibles, notamment Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, dont les candidatures ont été rejetées sur des motifs controversés, a vidé le scrutin de toute substance. Le Conseil constitutionnel, en écartant ces figures majeures, a indirectement renforcé l’idée d’un « coup d’État civil » et d’un « braquage électoral », des termes employés par Laurent Gbagbo lui-même. Les tentatives de l’opposition de mobiliser leur électorat via des manifestations ont été brutalement réprimées, avec des centaines d’arrestations et de lourdes condamnations, alimentant les critiques des organisations de défense des droits humains.

Ce contexte tendu a ravivé les sombres souvenirs des crises électorales passées, notamment celles de 2010 et 2020, qui ont fait des milliers de victimes. Des incidents sporadiques ont été signalés, notamment des vols de matériel électoral et des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, rappelant la fragilité de la paix sociale. Malgré les déclarations officielles minimisant la gravité des événements, la réalité sur le terrain est tout autre : une population lassée et désillusionnée, qui déplore la cherté de la vie et une croissance économique inégalement répartie. Cette élection restera sans doute comme un symbole des défaillances démocratiques persistantes en Côte d’Ivoire.