Le président américain Donald Trump a déclenché une véritable tempête politique en menaçant de prendre le « contrôle fédéral de la ville » de Washington D.C., qu’il qualifie de « crasseuse » et « hors de contrôle » en raison d’une « criminalité endémique ». Une rhétorique alarmiste qui intervient alors qu’une conférence de presse cruciale est attendue ce lundi pour « mettre un terme aux crimes violents » dans la capitale fédérale, dirigée par une maire démocrate. Ces déclarations incendiaires font suite à l’agression d’un membre du Département de l’efficacité gouvernementale, ravivant les craintes d’une fédéralisation forcée et d’un recours à la Garde nationale.
Malgré les affirmations présidentielles selon lesquelles Washington serait « l’une des villes les plus dangereuses au monde », les données du département de la Justice et du département de la police métropolitaine du District de Columbia (MPD) peignent un tableau plus nuancé. En 2024, la criminalité violente a atteint son « plus bas niveau depuis trente ans », avec des baisses significatives : les homicides ont chuté de 32 %, les vols de 39 %, et les agressions avec arme dangereuse de 27 % par rapport à 2023. Cette tendance positive semble se confirmer en 2025, avec une diminution globale de 7 % de tous les crimes sur un an.
Cependant, le tableau n’est pas entièrement rose. Le nombre total d’infractions et de crimes reste préoccupant, avec 15 456 recensés à Washington D.C. depuis le 1er janvier 2025. Bien que les homicides aient globalement diminué depuis 1990, ils ont connu une hausse inquiétante ces dix dernières années, passant de 105 en 2014 à 187 en 2024, avec un pic à 274 en 2023. En 2024, Washington D.C. s’est même classée quatrième ville américaine avec le taux d’homicides le plus élevé pour 100 000 habitants.
La délinquance juvénile est un autre point noir, particulièrement ciblé par Donald Trump. Le nombre de mineurs arrêtés ne cesse d’augmenter depuis 2020, avec plus de 2 000 arrestations de jeunes de moins de 17 ans entre 2023 et 2024. Les mineurs représentent également 51,8 % des arrestations pour vol en 2024 et environ 60 % des arrestations pour détournement de voiture en 2025. La municipalité a réagi en créant une unité ad hoc et en instaurant un couvre-feu estival pour les mineurs, mais le problème persiste, aggravé par la rhétorique présidentielle qui appelle à traiter les jeunes délinquants comme des adultes.
En parallèle, Donald Trump s’attaque violemment aux sans-abri de la capitale, leur sommant de « partir immédiatement » pour « rendre le District de Columbia sûr, beau et prospère ». Une politique qui se traduit par le démantèlement des campements, alors que Washington comptait plus de 5 600 sans-abri en 2024, se classant 15e des grandes villes américaines les plus touchées. Cette approche brutale, loin de résoudre les problèmes de fond, risque d’exacerber la précarité et de créer de nouvelles tensions dans une ville déjà sous pression.
