
Un rapport alarmant de l’Institut Montaigne révèle l’ampleur d’une crise du logement qui fracture la société française. L’accès à la propriété, autrefois un pilier de la stabilité pour les classes moyennes, est devenu un mirage, les reléguant à une précarité croissante. Les chiffres sont sans appel : une augmentation vertigineuse des prix immobiliers de 88% en vingt ans, hors inflation, force les ménages à s’endetter sur des durées toujours plus longues, atteignant 25 ans fin 2024 contre 15 ans en 2000.
Cette escalade des prix, particulièrement marquée depuis les années 2000, a creusé un fossé abyssal entre les nantis du patrimoine et ceux qui en sont exclus. Aujourd’hui, 24% des ménages s’accaparent 68% des logements détenus par des particuliers, transformant le logement en une source de revenu pour certains et en un fardeau insoutenable pour d’autres. Les inégalités se cristallisent aussi entre les générations, la propriété se concentrant de plus en plus entre les mains des plus de 50 ans et des classes aisées, laissant les jeunes générations face à un avenir incertain.
Ce déséquilibre criant est le résultat d’un déficit d’offre face à une demande galopante, accentué par la décohabitation des ménages et une métropolisation qui sature les zones urbaines. Pire encore, l’augmentation des résidences secondaires et des logements vacants aggrave la pénurie, soulignant une gestion déplorable des ressources existantes. La France déploie des sommes colossales dans sa politique du logement, mais l’aide à l’accession à la propriété demeure tristement insuffisante. Les classes moyennes se retrouvent prises au piège, exclues du marché de l’achat sans pour autant bénéficier des aides sociales, les plongeant dans un sentiment de déclassement social. Le rêve français de la propriété s’éloigne, remplacé par une amère réalité de stagnation et d’exclusion.