
Un vent glacial souffle sur l’industrie du cinéma : le long-métrage « Critterz », prévu pour 2026, s’annonce comme une véritable révolution inquiétante, propulsée par l’intelligence artificielle. Derrière ce projet controversé, la start-up américaine OpenAI, déjà connue pour son agent conversationnel ChatGPT, utilise ses outils de génération d’images et de vidéos, dont Sora et DALL-E, pour créer un film d’animation de manière inédite. Cette initiative, présentée comme une prouesse technologique, soulève de sérieuses questions sur l’avenir de la création artistique et l’emploi dans le secteur.
Le film, produit par Vertigo Films et Native Foreign, studio spécialisé dans l’IA, est censé démontrer que l’intelligence artificielle peut réduire drastiquement le temps et le coût de production. Une promesse qui sonne comme une menace directe pour les emplois qualifiés. Bien que Nik Kleverov, cofondateur de Native Foreign, tente de rassurer en affirmant qu’une « contribution humaine significative » est maintenue à chaque étape, il est évident que le rôle des dessinateurs se voit relégué à de simples croquis, ensuite « exploités par la machine ».
Le budget estimé à 30 millions de dollars et une production de seulement neuf mois pour « Critterz » contrastent violemment avec les 300 millions de dollars et les années de travail nécessaires à une production Pixar comme « Elio ». Cette disparité flagrante met en lumière une course effrénée à la rentabilité, où la qualité artistique pourrait être sacrifiée sur l’autel de l’efficacité technologique. Les ambitions cannoises d’OpenAI pour une première projection en marge du festival témoignent d’une volonté de légitimer cette nouvelle approche, malgré les doutes persistants sur son impact sur la créativité humaine.
L’argument selon lequel l’IA « accélère des parties du processus créatif » tout en visant à « conserver la même qualité » masque mal une réalité plus sombre : celle d’une industrie qui pourrait bientôt privilégier la rapidité et le faible coût au détriment de l’authenticité et de l’innovation artistique. « Critterz » n’est pas seulement un film ; c’est un avertissement, un signe avant-coureur d’une transformation potentiellement dévastatrice pour le monde du cinéma tel que nous le connaissons.