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Le Premier ministre Sébastien Lecornu promet une nouvelle ère de décentralisation, mais le passé trouble des réformes précédentes et le flou des intentions actuelles suscitent un scepticisme alarmant. Une nouvelle tentative vouée à l'échec ?

Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, prétend vouloir initier une « rupture » en relançant le chantier tentaculaire de la décentralisation. Cependant, cette annonce, bien que présentée comme un tournant majeur depuis « l’acte 2 » de Jean-Pierre Raffarin en 2003, ne suscite qu’un scepticisme légitime. Le gouvernement Macron a déjà maintes fois agité cette promesse sans qu’aucune réforme d’envergure ne voie le jour, laissant craindre un énième coup de communication dénué de substance réelle.

Le Premier ministre a beau envoyer des lettres aux présidents des collectivités et du Parlement, clamant vouloir « consulter » et « associer » pour « améliorer la vie quotidienne », l’expérience passée de l’échec de la décentralisation en France parle d’elle-même. Les multiples réformes territoriales n’ont pas réussi à clarifier le « millefeuille administratif », source de surcoûts et de dilution des responsabilités, un problème que Lecornu lui-même pointe du doigt sans proposer de solution concrète.

Malgré les grandes déclarations sur la volonté de donner plus de liberté aux collectivités, le flou persiste quant au périmètre exact de cette réforme et aux moyens financiers qui l’accompagneront. Les élus locaux, bien que potentiellement ravis de ces annonces, restent prudents, conscients que décentraliser sans sécuriser les ressources des collectivités est une voie sans issue. L’État français, traditionnellement centralisé, a toujours eu du mal à se défaire de ses prérogatives, et cette nouvelle tentative pourrait bien n’être qu’une illusion de changement.

Les précédentes tentatives de décentralisation ont souvent abouti à un enchevêtrement des compétences, à une inefficacité accrue des services publics et à un affaiblissement de la capacité collective à mener des projets d’envergure. En somme, sous couvert d’une « rupture », le gouvernement semble nous orienter vers une répétition des erreurs passées, loin d’une véritable transformation qui mettrait fin aux dysfonctionnements chroniques de notre organisation territoriale.