
L’annonce des ambitions décentralisatrices par Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, suscite plus d’interrogations que de certitudes. Est-ce une véritable rupture ou une simple manœuvre tactique ? Jean Leonetti, ex-ministre et maire d’Antibes, se montre sceptique, et à juste titre. Après des années de promesses non tenues par Emmanuel Macron, la défiance des élus locaux est à son comble.
Le constat est amer : l’ère Macron a été marquée par un affaiblissement constant des collectivités territoriales. Entre les privations de ressources fiscales et l’avalanche de normes contradictoires, la marge de manœuvre des élus a été drastiquement réduite. Le paradoxe est d’autant plus frappant que c’est un proche du président qui, aujourd’hui, semble vouloir rompre avec un système qu’il a lui-même contribué à édifier. Est-ce une conversion sincère ou un calcul politique face à une situation intenable ?
Jean Leonetti souligne avec justesse que le président avait promis la « Révolution » pour finalement instaurer un « État jupitérien » centralisé. Les annonces de Lecornu pourraient bien n’être qu’une nouvelle tentative de masquer l’échec des politiques passées. Il est difficile d’ignorer la possibilité que le Premier ministre, « dos au mur », n’ait d’autre choix que d’afficher une volonté de changement, même si celle-ci reste superficielle.
Les élus locaux, lassés par les « beaux discours », attendent des actes concrets. La patience est à bout. Si ces nouvelles ambitions décentralisatrices ne sont qu’une façade, le fossé entre le gouvernement et les territoires ne fera que s’élargir, menaçant la cohésion nationale. L’avenir de la décentralisation en France demeure incertain, pris entre les promesses vaines et une réalité politique désenchantée.