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Le cardinal André Vingt-Trois, figure majeure mais parfois controversée de l'Église de France, est décédé à 82 ans, laissant un héritage complexe après des années à la tête de l'archevêché de Paris. Son rôle crucial dans l'ombre de Lustiger et ses prises de position ont marqué une époque.

L’Église de France est en deuil, mais le départ du cardinal André Vingt-Trois, décédé à 82 ans, laisse un héritage plus complexe qu’il n’y paraît. Longtemps dans l’ombre du charismatique cardinal Lustiger, dont il fut le confident le plus écouté, Vingt-Trois a finalement pris les rênes de l’archevêché de Paris de 2005 à 2017 et présidé la Conférence des évêques de 2007 à 2013. Son intelligence, souvent qualifiée de fine, était paradoxalement accompagnée d’un cynisme redouté, une combinaison qui ne manquait pas de piquer.

Présenté comme un stratège hors pair, son accession à la présidence des évêques ne fut pas un hasard, Lustiger lui ayant confié les dossiers les plus épineux de sa vie sacerdotale. Certains murmurent même que le génie de Lustiger n’aurait jamais atteint une telle ampleur sans son loyal, mais parfois austère, conseiller. Un hommage en demi-teinte pour celui qui, malgré ses fonctions éminentes à Rome et sa participation aux synodes sur la famille, a souvent été perçu comme une figure moins inspirante, plus en retrait médiatiquement vers la fin de sa vie, notamment en raison du syndrome de Guillain-Barré qui l’avait affaibli.

Alors que toutes les églises de Paris s’apprêtent à sonner le glas, un coup pour chacune de ses 82 années, la symbolique est forte. Mais au-delà de l’hommage, la question demeure : cette figure discrète mais puissante a-t-elle su réellement insuffler un nouvel élan à une Église française confrontée à des défis colossaux, ou a-t-elle plutôt maintenu un statu quo, même face aux tempêtes sociétales et aux crises internes ?

Son parcours, débutant jeune au séminaire et marqué par une collaboration indéfectible avec Lustiger, l’a propulsé au cœur des combats de l’Église. De la gestion des formations diocésaines à la création de Radio Notre-Dame, il fut un homme de l’ombre avant d’être la figure principale. Cependant, son approche prudente et son aversion pour les « excitateurs » en des temps anxiogènes soulèvent des interrogations sur la véritable capacité de l’Église à se renouveler sous sa direction. Le « deuil diocésain » décrété et le livre de condoléances ouvert en ligne tenteront de recueillir l’émotion, mais l’analyse de son héritage risque d’être moins unanime.