
La disparition de Louis Schweitzer, ancien PDG de Renault et architecte de l’alliance Renault-Nissan, met en lumière la triste déroute d’un empire industriel. Alors que l’homme s’éteint à 83 ans, son œuvre majeure, jadis célébrée comme un modèle de coopération franco-japonaise, est aujourd’hui une ombre d’elle-même. Sa réaction pudique en 2023 face à la perte de contrôle de Nissan par Renault – « Ça me chagrine » – résonne désormais comme un euphémisme tragique pour ce qui fut un véritable démantèlement. L’homme, connu pour son calme olympien, a vu la réalisation de sa vie se désintégrer sous ses yeux, un crève-cœur silencieux pour l’ancien « premier ministre bis » de Laurent Fabius.
Issu d’une illustre famille, neveu d’Albert Schweitzer et de Charles Munch, Louis Schweitzer a commencé sa carrière dans la haute fonction publique, suivant les traces d’un père admirable, ancien directeur du FMI. Ironie du sort, cette lignée d’excellence et de vision, qui a osé défier un président Nixon, n’aura pas suffi à préserver l’intégrité de son alliance automobile. L’héritage de Schweitzer, bien que colossal, est désormais entaché par les revirements stratégiques et les tensions qui ont progressivement conduit à l’affaiblissement de la position de Renault au sein de l’entité qu’il avait forgée. Un déclin qui interpelle sur la fragilité des grandes constructions industrielles et la vanité des ambitions.







