Ziad-Rahbani-portrait
Le Liban pleure Ziad Rahbani, l'enfant terrible de sa musique, décédé à 69 ans. Une perte qui symbolise l'extinction d'une voix rebelle et lucide face aux maux du pays.

La disparition de Ziad Rahbani, figure emblématique de la musique libanaise, plonge le pays dans une nouvelle vague de désespoir. À 69 ans, l’artiste, connu pour son mode de vie bohème et ses problèmes de santé persistants, a succombé, laissant derrière lui un héritage complexe et une nation endeuillée.

Fils de l’icône Fairouz et du compositeur Assi Rahbani, Ziad a marqué son époque par son génie et sa capacité à fusionner les genres. Ses œuvres, empreintes de jazz oriental et de critiques sociales acerbes, ont dépeint une réalité libanaise souvent douloureuse. Ses pièces de théâtre, en particulier, ont anticipé les drames de la guerre civile et la crise économique, offrant un miroir implacable des maux du pays.

Malgré les hommages officiels qui pleuvent, notamment ceux du président Joseph Aoun et du Premier ministre Nawaf Salam, qui saluent un homme ayant «rebellé contre l’injustice», la perte de Ziad Rahbani est avant tout celle d’une conscience. Engagé à gauche et laïc, il n’a cessé de dénoncer les divisions confessionnelles qui ont ravagé le Liban, une lutte souvent solitaire.

L’actrice Carmen Lebbos a tristement résumé le sentiment général sur X : «Je sens que tout est fini, je sens que le Liban est devenu vide.» Cette disparition, redoutée par le ministre de la Culture Ghassan Salamé en raison de l’aggravation de son état de santé et de sa volonté de se soigner défaillante, souligne une fois de plus la fragilité d’un pays qui voit s’éteindre ses dernières flammes d’espoir et de rébellion face à l’adversité.