
L’Assemblée nationale, plongée dans un débat stérile, constate l’évidence : il faut impérativement combler un déficit colossal, nécessitant environ 30 milliards d’euros annuels. Mais, comme souvent, l’accord s’arrête là, révélant une cacophonie alarmante sur les solutions. Faut-il ponctionner les « ultrariches », étrangler les retraités, ou affaiblir davantage les plus modestes en dévaluant leurs prestations ? Le « concours Lépine du prélèvement » a transformé le débat budgétaire en un spectacle affligeant, incompréhensible pour le citoyen lambda.
Face à cette impasse, seules deux voies s’offrent, toutes deux périlleuses : une diminution drastique des dépenses ou une augmentation des recettes. L’État et les collectivités territoriales sont sommés de faire des efforts, mais personne n’ose nommer les fonctions collectives à sacrifier. Trente milliards d’euros, c’est l’équivalent de deux fois le budget de la police nationale, une somme vertigineuse. Pourtant, une telle saignée dans les dépenses publiques, majoritairement constituées de prestations sociales, de retraites et de salaires de fonctionnaires, plongerait inévitablement le pays dans une récession dévastatrice, frappant de plein fouet les classes populaires.
La France ne s’extirpera pas de ce guêpier sans un « effort partagé », un vœu pieux face à l’égoïsme fiscal ambiant. La tentation de faire payer les autres, cette « politique du ciblage », ne fait qu’alimenter la colère et le sentiment d’être le « dindon de la farce ». L’argument fallacieux selon lequel la France serait la « championne des prélèvements » masque la réalité : notre modèle de financement collectif pour la santé, l’éducation et les retraites est différent, pas nécessairement plus lourd.
L’illusion que l’effort viendra en partie de l’épargne accumulée par les couches aisées ne masquera pas longtemps la dure réalité. Le pays s’enfonce dans un marasme financier, où chaque décision semble mener à une impasse, laissant planer une ombre menaçante sur l’avenir économique et social.






