
L’annonce par le gouvernement d’un déficit public abyssal de 132 milliards d’euros pour 2021, après un record de 227 milliards cette année, masque une réalité encore plus sombre. Malgré des prévisions de croissance « optimistes » à près de 8 % pour l’année prochaine, les comptes publics restent désespérément dans le rouge. L’iFRAP, un think-tank libéral, ne mâche pas ses mots en attribuant un piètre 4/10 à l’exécutif, dénonçant un optimisme déplacé qui pourrait bien nous mener à la catastrophe.
Le véritable scandale réside dans la dégradation alarmante du déficit structurel, cette part « durable » du déficit, indépendante de la conjoncture. Le Haut Conseil des finances publiques avait déjà alerté sur une sous-évaluation flagrante. Ce déficit structurel, loin des 1,2 % affichés pour 2020, atteindrait en réalité 2 points de PIB. Pire encore, en 2021, il flirterait avec les 5 points de PIB, bien au-delà des 3,6 % officiellement annoncés. Cela signifie un déficit récurrent de plus de 100 milliards d’euros par an, une situation inédite et profondément inquiétante pour la stabilité financière du pays.
L’État centralise une grande partie de ces dérives, avec un solde particulièrement creusé en 2020 (-8,7 % du PIB), en partie dû à la reprise de la dette de la SNCF. Et les prévisions pour les administrations locales sont tout aussi illusoires. Malgré la crise, le gouvernement anticipe un quasi-équilibre de leurs comptes en 2021, misant sur le dynamisme des taxes foncières et une compensation intégrale de la baisse des impôts de production. Mais les doutes persistent quant à la maîtrise des dépenses, notamment pour le RSA, et une éventuelle baisse des droits de mutation immobiliers pourrait faire s’écrouler cet équilibre précaire.
Enfin, la Sécurité sociale, autrefois excédentaire, s’enfonce dans un déficit de -25 milliards d’euros en 2021, après un effondrement à -57,5 milliards en 2020. Cette estimation repose sur un rebond des recettes sociales et une limitation des dépenses jugées largement irréalistes par les experts. Face à cet éventail de prévisions trop roses, il est fort probable que le déficit réel de la France en 2021 dépasse allègrement les 132 milliards d’euros annoncés, plongeant le pays dans une incertitude économique des plus sombres.