
Le départ de Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), après neuf ans à la tête de l’institution, soulève une vague d’indignation. Officiellement, Matignon minimise l’événement, déclarant qu’il ne s’agit «pas d’une sanction». Une affirmation que personne ne semble croire sérieusement, à en juger par les réactions syndicales virulentes. Ce départ survient après des mois de critiques acerbes de l’exécutif, qui reprochait au COR de «relativiser l’ampleur des déficits» à venir, jetant ainsi une ombre sur la légitimité de la très controversée réforme des retraites.
Pour les syndicats, la situation est limpide : Pierre-Louis Bras «paie ses interventions et commentaires» durant la réforme. Michel Beaugas de FO dénonce une situation inacceptable, tandis que Denis Gravouil de la CGT va plus loin, qualifiant ce départ de «scandale démocratique du même niveau que le 49.3». Ces accusations ne sont pas anodines. Elles mettent en lumière une tentative de museler les voix indépendantes et de faire le vide autour du gouvernement, ne tolérant aucune opinion divergente.
Même la CFDT, qui salue le travail «pédagogique» du COR sous la direction de Bras, exprime des inquiétudes quant à l’avenir de l’institution. L’Unsa, quant à elle, réaffirme l’importance de maintenir l’autonomie et l’indépendance du COR, craignant qu’il ne devienne un simple outil de validation des décisions gouvernementales. Ce licenciement déguisé d’un haut fonctionnaire respecté, inspecteur général des affaires sociales et ancien conseiller de Martine Aubry, est une nouvelle démonstration de la fragilité de la démocratie participative en France, où l’expertise indépendante semble de moins en moins tolérée face aux impératifs politiques. Une situation alarmante pour la transparence et l’intégrité des débats publics.