
Les déséquilibres financiers mondiaux ont atteint un point critique en 2024, selon un rapport alarmant du Fonds Monétaire International (FMI). La dépendance croissante de certains pays aux financements extérieurs, alors que d’autres s’accaparent une part toujours plus grande des échanges, est une tendance profondément inquiétante. Les écarts entre les comptes courants des principales nations ont bondi de 0,6 point de pourcentage du PIB mondial, un revirement notable par rapport à la tendance observée depuis le début du siècle, exception faite de la période chaotique du Covid-19.
Le FMI révèle que la balance commerciale est le principal coupable de cette dérive. La Chine et l’Union Européenne voient leurs surplus s’envoler, tandis que les États-Unis, en particulier, subissent un déficit commercial qui ne cesse de s’amplifier. Cette situation n’est pas sans rappeler les justifications de Donald Trump pour l’instauration de ses droits de douane punitifs, visant à endiguer un flot d’importations jugé excessif.
Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, a clairement souligné que ces déséquilibres reflètent des problèmes macroéconomiques internes. Aux États-Unis, un niveau d’imposition et de dépenses publiques insuffisant alimente le déficit. En Chine, une demande intérieure anémique est masquée par une exportation effrénée. Même au sein de l’Europe, des disparités flagrantes persistent : l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède affichent des excédents massifs, alors que la France voit son compte courant à peine équilibré et l’Italie s’enfonce dans un déficit excessif.
Le FMI insiste sur la nécessité pour l’Allemagne d’investir davantage dans ses infrastructures, et pour les Pays-Bas de mettre en œuvre des réformes structurelles urgentes en matière d’emploi. L’aggravation de ces déséquilibres mondiaux, dont l’impact dépasse largement les chiffres économiques, pourrait mener à une instabilité financière accrue et des tensions géopolitiques sans précédent, menaçant la fragile reprise économique mondiale.