
L’histoire de la France est jalonnée de crises financières dévastatrices, souvent masquées par le faste monarchique. Louis XVI, accédant au trône en 1774, hérite d’un royaume déjà au bord du gouffre. Les dépenses dépassent les recettes de 22 millions de livres, une somme colossale. Pire encore, 78 millions de recettes futures ont été dilapidées par anticipation, laissant un déficit de 335 millions dans les caisses royales. La situation est si catastrophique que l’abbé Terray, dernier contrôleur général des finances de Louis XV, envisageait la banqueroute pure et simple.
Le jeune Louis XVI, à peine couronné, se sent écrasé par le poids de cette dette abyssale. Sa panique est palpable : « Quel fardeau ! Et l’on ne m’a rien appris ! Il me semble que l’univers va tomber sur moi ! » ironise-t-il. Pourtant, les tentatives de réformes ne manquent pas. Turgot, nommé contrôleur général des finances en 1774, propose des mesures drastiques : pas de banqueroute, pas d’augmentation d’impôts, et surtout, des économies massives. Il réussit à réduire les dépenses de 24 millions, mais se heurte à une opposition farouche des privilégiés et de la cour, menée par Marie-Antoinette. Son renvoi en 1776 marque la fin d’une illusion : la monarchie est incapable de se réformer.
Cette incapacité structurelle à maîtriser les dépenses et à réformer un système fiscal inique n’est pas nouvelle. De Philippe le Bel, surnommé le « roi de fer », à Louis XIV, la monarchie française a constamment lutté contre un endettement chronique, souvent exacerbé par des guerres coûteuses. Philippe le Bel lui-même n’hésitait pas à manipuler la monnaie et à s’attaquer aux Templiers pour renflouer les caisses, s’attirant de nombreuses inimitiés. L’histoire se répète : Louis XVI, malgré des intentions louables, ne parvient pas à briser ce cycle infernal. L’épargne privée est drainée par l’État via les rentes, mais cela ne suffit pas à combler le gouffre. L’échec des réformes sous Louis XVI ne sera qu’un prélude à la chute inévitable de l’Ancien Régime.