
Le Premier ministre François Bayrou a une nouvelle fois agité le chiffon rouge de la dette publique, tentant de détourner l’attention des véritables enjeux budgétaires de 2026. Cette manœuvre politique éculée vise à semer la panique, alors même que les faits contredisent cette dramatisation excessive. Faut-il rappeler que les prophéties apocalyptiques sur la faillite de l’État, comme celle de François Fillon en 2007, ne se sont jamais concrétisées ? Bayrou lui-même, alarmiste de longue date, n’a jamais vu ses sombres prédictions se réaliser.
L’argument selon lequel l’État vivrait « au-dessus de ses moyens » est une simplification dangereuse. L’augmentation du ratio dette/PIB depuis 1980, loin d’être un signe de dépense irresponsable, est le résultat de facteurs complexes et souvent inévitables. Nous avons d’abord subi l’« effet boule de neige » des taux d’intérêt élevés dans les années 80 et 90, qui ont asphyxié les finances publiques.
Ensuite, la contre-révolution fiscale des trois dernières décennies a privé l’État de ressources essentielles, favorisant outrageusement les ménages aisés et les grandes entreprises au détriment de l’intérêt général. Comment s’étonner du déficit lorsque l’on sabre les recettes ?
Par ailleurs, le coût exorbitant de la crise financière de 2007-2008, où l’État a dû sauver un système privé défaillant, pèse encore lourdement. Plus récemment, les mesures de soutien face au Covid-19 ont creusé le déficit, une nécessité tragique face à une crise sanitaire mondiale. La dette n’est pas remboursée mais « roulée », l’État ne paie que la charge d’intérêt, une réalité souvent ignorée par ceux qui crient à la catastrophe imminente. La France semble prise au piège d’une rhétorique alarmiste qui cache mal les vrais problèmes.