
La déchéance de figures emblématiques du cybercrime, comme Hushpuppi, le « brouteur » nigérian aux deux millions de victimes, ne doit pas masquer une réalité bien plus sombre : l’impunité scandaleuse de certains des plus grands criminels numériques. Dmitry Khoroshev, le tristement célèbre « LockBitSupp », en est l’illustration parfaite. Considéré comme le cybercriminel le plus recherché au monde, il mène une existence paisible à seulement 400 km de Moscou, totalement épargné par les autorités russes. Cette situation met en lumière les défaillances flagrantes de la coopération internationale face à une menace qui ne cesse de croître.
Sous une façade d’homme ordinaire, presque banal, Dmitry Khoroshev cache l’architecte d’un empire criminel sans précédent. Loin des stéréotypes du hacker reclus, il a orchestré l’un des réseaux de cyberextorsion les plus dévastateurs de la dernière décennie : LockBit. Cette organisation, véritable multinationale du crime, a impunément racketté des cibles d’une importance capitale : des hôpitaux aux ministères, en passant par des industries sensibles. Personne n’a été épargné par les ravages de ce groupe, dont les attaques ont semé le chaos et la peur à l’échelle mondiale.
Grâce à des rançongiciels sophistiqués, les opérateurs de LockBit ont crypté et pris en otage des données vitales, exigeant des rançons colossales pour leur libération. Entre 2019 et 2024, le montant total des extorsions a dépassé le demi-milliard de dollars. Ce chiffre effarant n’est que la partie émergée de l’iceberg des dommages causés par ces attaques. Au-delà des pertes financières directes, les perturbations engendrées ont eu des conséquences désastreuses sur des services essentiels, démontrant la vulnérabilité critique de nos infrastructures face à de tels agissements criminels. L’échec des systèmes de défense et la complaisance de certains États face à ces cybercriminels posent de graves questions sur notre capacité collective à nous protéger.