
Un jugement accablant vient de frapper les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), condamnées à indemniser la famille d’un salarié qui s’est donné la mort en 2019. Régis Guhl, technicien de maintenance de 43 ans, s’était jeté du toit du siège du journal, un acte désespéré survenu en pleine restructuration du groupe Ebra, propriétaire des DNA. Cette décision judiciaire met en lumière les défaillances dramatiques d’une entreprise qui n’a pas su protéger ses employés.
Le tribunal judiciaire de Strasbourg a jugé que ce suicide était dû à une « faute inexcusable » de l’employeur. Les DNA ont été contraintes de verser 30 000 euros de préjudice moral à la compagne de la victime et la même somme à leur fille, âgée de seulement 4 ans au moment du drame. Une somme dérisoire face à la perte humaine, mais un symbole fort de reconnaissance de la souffrance endurée.
Ce qui rend cette affaire encore plus glaçante, c’est que les avertissements étaient clairs. Six mois avant le suicide de Régis Guhl, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de l’entreprise avait alerté sur les « dangers graves de risques psychosociaux pour tous les salariés ». Des signaux ignorés, des mesures non prises, et un bilan tragique. Moins d’un an plus tard, un second salarié des DNA mettait fin à ses jours, preuve que le problème était systémique et profondément ancré.
Face à ce constat, l’avocate des proches de la victime exprime un soulagement teinté d’angoisse à l’idée d’un éventuel appel, qui prolongerait le calvaire de la famille. Les syndicats, eux, appellent l’entreprise à « prendre la leçon ». Les DNA et le groupe Ebra, silencieux, se contentent de « prendre acte » de la décision, sans même savoir s’ils feront appel. Une attitude qui, pour beaucoup, ne fait qu’ajouter l’indifférence à l’incurie.