
Le verdict est tombé sept ans après la tragédie qui a coûté la vie à huit personnes rue d’Aubagne, le tribunal correctionnel de Marseille a rendu son jugement, et l’amertume demeure palpable. Sur seize prévenus, seuls quelques-uns ont écopé de peines de prison ferme, tandis que d’autres s’en sortent avec des sursis ou des relaxes. Une décision qui, pour beaucoup, ne reflète absolument pas l’ampleur du désastre et l’inaction manifeste qui l’a précédé.
Xavier Cachard, ancien élu et avocat, ainsi que Gilbert Ardilly, propriétaire, se voient infliger une peine de quatre ans de prison, dont deux avec sursis. Des peines qui paraissent dérisoires face aux vies brisées. Pire encore, Sébastien Ardilly, le fils, n’écope que d’une année ferme sous bracelet électronique, malgré une indifférence totale face aux dangers évidents de l’immeuble. La justice a clairement pointé du doigt leur négligence criminelle, mais les condamnations restent faibles.
L’ancien adjoint au maire, Julien Ruas, chargé de l’habitat insalubre, s’en sort avec deux ans de sursis et une interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans. Le tribunal a souligné son inaction flagrante dans la lutte contre les immeubles en péril, un rôle qu’il semble avoir négligé avec une désinvolture consternante. L’expert-architecte Richard Carta, dont l’évaluation n’a pas permis d’éviter le drame, reçoit également deux ans avec sursis, une décision qui soulève des questions sur la responsabilité des professionnels.
Le procès a mis en lumière une vérité accablante : les effondrements étaient inéluctables. Pourtant, aucune mesure efficace n’a été prise pour protéger les occupants. Le procureur avait pourtant dénoncé la volonté des copropriétaires de « jouer la montre » pour « dépenser le moins possible ». Un cynisme qui, visiblement, n’a pas été sanctionné à sa juste mesure. Si Marseille tente de redorer son blason en luttant contre l’habitat indigne, ce verdict laisse un goût amer, illustrant une fois de plus la difficulté d’obtenir justice face à l’incurie et la négligence.