
L’historien et diplomate Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, crée la controverse en accordant un entretien à la revue d’extrême droite, Éléments. Son portrait en une, sur fond de Jérusalem en flammes, souligne l’aspect pour le moins choquant de cette collaboration inattendue. L’organe de presse de la Nouvelle Droite, connue pour ses positions identitaires et ethnodifférentialistes, a réussi à attirer une figure qui ne partage pourtant pas ses idéologies.
Malgré ses propres dénégations et son affirmation que la revue n’est « pas sa tasse de thé idéologique », Barnavi a justifié sa participation en expliquant vouloir « prêcher la bonne parole » sur la situation à Gaza, même dans un milieu où « il y a autant d’antisionistes que de sionistes acharnés ». Cette démarche soulève des questions sur la pertinence et les risques de dialoguer avec des mouvances extrémistes, et sur l’efficacité réelle de son message auprès d’un public aux antipodes de ses convictions.
La décision de l’historien, professeur émérite d’histoire de l’Occident moderne à l’Université de Tel-Aviv, d’apparaître dans une telle publication est d’autant plus troublante que ses critiques envers la politique israélienne actuelle sont virulentes. Barnavi a régulièrement exprimé son « effroi » et son « dégoût » face aux actions de son propre pays et n’hésite pas à dénoncer un gouvernement qu’il juge humiliant pour Israël.
Ce dialogue avec l’extrême droite, malgré les intentions affichées, pourrait bien être perçu comme une légitimation, même involontaire, de ces courants de pensée. Il expose Barnavi à des critiques quant à la stratégie choisie pour faire entendre sa voix, dans un contexte géopolitique déjà extrêmement tendu et polarisé. La question demeure : une telle tribune sert-elle vraiment la cause qu’il défend, ou risque-t-elle de diluer son message dans un océan d’idéologies controversées ?






